Parler
de jazz en Suisse au 19ème siècle, c'était
un anachronisme. Aujourd'hui, la situation ne s'est
guère améliorée. Et pourtant, le
pays des banques, des montres et du fromage abrite bel
et bien des musiciens qui pratiquent assidûment
ce genre musical venu de la lointaine Arnérique.
En
ouvrant bien les yeux, vous ne manquerez pas de voir,
à la croisée d'une quelcondue rue de la
plus grande ville au plus petit village, un saxe ou
une contrebasse, une trompette ou une guitare; d'entendre,
à l'étage de quelque immeuble moderne,
à travers les persiennes d'une cave humide d'une
maison vouée à la démolition ou
encore de la grange d'une ferme d'Entlebuch, les accords
d'un piano ou les roulements dune batterie. Jusque-là
ces perceptions multiples n'étaient le fait que
du hasard ou de la curiosité, et comme il arrive
parfois que le hasard fasse fort bien les choses, il
est un beau jour apparu un lieu unique de création,
d'expression et de de pratique musicale: la Swiss Jazz
School.
Imaginez
dans un pays morcellé comme le nôtre des
musiciens venus de Genève, de Baden, de Zürich
et de Lugano qui peeuvent avoir la chance de confronter
leurs expériences et découvrir qu'ils
ont des affinités musicales communes.
Le
genevois c'est Jean-Luc Barbier, le gars de Baden c'est
Christoph Baumann, le Zürichois c'est Hämi
Hämmerli et le Tessinois Guido Parini et ils se
sont connus à l'école suisse de jazz à
Berne.
-
Pour Jean-Luc Barbier cela se traduit par le conservatoire,
des stages d'improvisation (Clifford Thornton, François Jeanneau,
un cours de maîtrise
avec le Danois Ancher Grön (sax), deux disques avec
le CM4 et, à ses débuts, d'enri-
chissants
contacts avec des musiciens tels que les pianistes Ricardo Garzoni et François
Lindemann, les batteurs Heinz Lieb et Alvin Queen,
les bassistes Olivier Magnenat et Mike Guilford et les
guitaristes George Barcos et Paolo Bellinati.
-
Christoph Baumann, lui, s'est très vite tourné
vers les possibilités de l'improvisation qu'il
enseigne d'ailleurs au
conser-. vatoire de Zürich. Son sens aigüe
des
images (venant du grand intérot qu'il porte au
théâtre) et de la musique ont été à l'origine
de la création du Jerry Dental Kollekdoof, une
troupe baroque et picaresque qui alliait avec bonheur
et dérision un jazz détonant et des
textes farfelus.
-
Hämi Hämmerli était aussi dans le radeau de
la Méduse du Jerry Dental, mais à
côté de ça il s'est frotté
sans complexe à des gens comme Walter Bishop,
Babs
Gonzales, Pierre Favre, Jamela Goueth, Heinz Bigler
et Bakti Jazz.
-
Guido
Parini c'est le latin de l'équipe, ce qui veut
dire un sacré tempérament qu'il a parfaitement
maîtrisé en jouant que ce soit aux
côtés de Franco d'Andrea, Nando de Luca
ou encore des Helvètes Franco Ambrosetti,
Andy Sherrer et Isla Eckinger. En 1981, au Festival
de Jazz de San Sebastian, il obtenait une forme de reconnaissance
officielle de son talent en décrochant le prix
du meilleur soliste. En fait, c'était le nouveau
Quartet dans son ensemble, qui était honoré
de cette distinction tant leur prestation individuelle
que collective fit l'unanimité du public et du
jury. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter
ce disque enregistré pratiquement sur le coup
de ce festival, en Espagne, qui ne laisse planer
aucun doute quant au niveau et aux possibilités
de cette formation "made in Switzerland".
Désormais, la Suisse n'est plus seulement
le pays des banques, des montres et du fromage mais
aussi celui du jazz.
Léon Meynet
Duirinq the 19th centurg in Switzerland,
any mentioning of jazz would of been un anachronism.
Today the situation is hardly différent.
Yet the land of banks, cheese and watches actually
nurtures musicians who actiivilly practice this
musical genre which emerged in far-away America.
If you keep your eges open gou can't fail to notice
on any street corner be it in the biggest city or the
smallest one a saxophone or a double-bass, a trompet
or a guitar, you moy hear coming from an appartment of a modern building, through the
the basement window of an olf house awaiting the wrecker or even from the barn
of a farrn in the Entlebuch, the sounds of o
piano or the rolling of drums. Such encounters iwere
the result
of curiosity and chance: yet chance would have it that
one fine day there came into being a unique scene of
creativity, expression and musical practice - the Swiss
Jazz School.
Imagine in our motley country musicians hailing
from Geneva or Baden or Zürich or Lugano being
able to meet and exchange expériences and discover common musical affinities.
Jean-Luc Barbier is from Geneva, Christoph Baumann
from Baden, Hämi Hämmerli from Zürich and
Guido Parini from Lugano; they all met at the Swiss
Jazz
School in Bern.
Each one of them
followed différent
musical directions and acquired an original musical
background.
-
Jean Luc Barbier attended music school, improvisation courses with Clifford Thomson and François
Jeanneau, and post-graduate study with the Danish musician Ancher Grön
(saxophone); he
made two records with the group CM4 and had
fruitful contacts
with pianists Ricardo Garzoni and François Lindemann, drummers Heinz Lieb and Alvin Quenn, bassists
Olivier Magnenat and Mike Guilford and guitarists George
Barcos and Paolo Bellinatti.
-
Christoph Baumann was soon to be drawn io
theatre and to the inexhaustible possibilities of
improvisation which inciden- tally he teaches at
the Zürich Conservatory. His keen senses of images
and music were instrumental in the creation of the Jerry Dental Kollekdoof; a
baroque and picaresque company which mingled successfully
and derisively explosive jazz and lucidious scripts.
- Hämi Hämmerli,
also part of the Jerry Dental craw mingled easily with
people like Walter Hishop, Babs Gonzales, Pierre Favre,
Jamela Goueth, Heinz Bigler and Bhakti Jazz.
-
Guido Parini is the latin of the band, meaning a hell
of a character which he nevertheless totally controls
playing with Franco d'Andrea, Nando de Luca, Franco
Ambrosetti, Andy Sherrer. ln 1981 at the San Sebastian
jazz festival his talent was officialy recognized by
the award of the best soloist prize. Actually it was
the whole new Jean-Luc Barbier which was thus distinguished
since both the individual and collective performance
convinced public and jury; one has just to listen to
this record made of in the wake of the festival in Spain
which leaves no doubt about the high level and the potential
of this band (made in Switzerland).
Henceforth
Switzerland is not only the land of banks, cheese and
watches but also of jazz.
Léon
Meynet
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